La méditation de pleine conscience, en nous entrainant à faire de l'espace à nos expériences, nous permet de mieux gérer nos émotions : de les reconnaître, sans se laisser envahir.
Émotions, sentiments … De quoi parle t-on ?
Une émotion est un ensemble de réactions corporelles et physiologiques, automatiques et inconscientes, provoquées par certains stimulus, dans le but de déclencher une action, une adaptation à une situation.
Toutes les émotions que nous éprouvons nous servent donc à quelque chose ! Il n'y a pas de "bonnes" ou "mauvaises émotions".
Une émotion se déclenche dans le corps suite à la perception d'un stimulus grâce à l'un de nos cinq sens ou l'apparition d'une pensée. Une émotion est toujours annoncée par des sensations physiques.
Ainsi, si nous entendons un bruit soudain, l’aboiement d’un chien que nous n’aurions pas vu, il y a de grandes chances pour que nous ayons un mouvement de sursaut, que notre rythme cardiaque s’accélère, que notre peau pâlisse, que nos muscles se contractent.
Les sentiments, eux naissent lorsque nous prenons conscience de ces « émotions » corporelles, lorsque ces dernières sont transférées dans certaines zones du cerveau où elles sont codées sous forme d'une activité neuronale.
Le sentiment est donc de l’ordre de la pensée plutôt que du corps, psychologique plutôt que physiologique.
Dans l'exemple évoqué, les modifications physiologiques perçues nous font alors ressentir un sentiment de peur.
Les émotions se déroulent en plusieurs phases
- Il y a tout d’abord la charge.
un message est envoyé au cerveau l’informant qu’un événement inattendu et non maitrisé se produit. Le message intervient au seuil de notre conscience.
- Ensuite arrive la tension.
Ayant reçu le message, le corps se prépare à agir en conséquence : les hormones sont libérées et des signes physiques ou physiologiques se manifestent, tels que l’accélération du rythme cardiaque et respiratoire, des contractions musculaires.
- Puis vient la décharge (expression émotionnelle)
C’est la phase d’expression corporelle, dans laquelle des signes physiques de l'émotion deviennent visibles.
Par exemple, lors de l’annonce d’une bonne nouvelle, la décharge se manifeste par des cris de joie, des sautillements, des pleurs…
La « décharge » est un processus naturel qui vise à réduire la tension de l’étape précédente.
- Enfin, intervient la récupération.
Pour évacuer les hormones du stress, nous pouvons rire, pleurer, trembler, bâiller … L'organisme revient à son équilibre initial, le corps revient au repos.
Une émotion naturelle et adaptée dure en moyenne 90 secondes.
Quand on vit une émotion jusqu’au bout, dans toutes ses étapes, on se sent mieux après.
En revanche, quand l’énergie mobilisée lors de la charge et de la tension ne peut être déchargée, cette énergie ne s’exprime pas et peut rester en tension dans le corps.
Les émotions et leur message
On s’accorde à dire que les émotions primaires sont au nombre de 6 : joie, tristesse, colère, peur, dégoût, surprise (certains chercheurs y ajoutent la honte et l’amour).
Chaque émotion a valeur de message pour attirer l’attention sur des besoins à satisfaire. Ainsi, la colère répond à un besoin d’écoute, de compréhension, de réparation ; elle a une valeur réparatrice pour restaurer l’intégrité et établir des limites.
Par ailleurs, il est possible d’éprouver deux émotions contradictoires en même temps : par exemple, de la tristesse et de la joie lors d’un retour de vacances (de la joie de retrouver la maison et de la tristesse pour la fin de ce bon moment).
Tendance à l'action
Nos émotions influencent sur la façon dont nous agissons.
Nous les ressentons comme des impulsions à agir de façon particulière, par exemple pleurer, rire ou nous cacher.
La probabilité que nous nous conduisions d'une façon particulière lorsque nous éprouvons une émotion est un phénomène appelé la « tendance à l'action ».
Une tendance est un penchant qui nous porte à faire une chose ; cela ne signifie pas que nous devions le faire, que nous n'avons pas le choix. Nous sommes simplement portés à agir de cette façon.
Nos émotions contrôlent-elles notre comportement ?
La réponse à cette question est donc non ! Nos émotions ne contrôlent pas notre comportement.
Même si nous n’avons pas de contrôle direct sur nos émotions, nous pouvons avoir un contrôle sur notre manière de réagir, de répondre.
Lorsque nous ressentons des émotions intenses, nous pouvons faire toutes sortes de choses que nous regrettons par la suite : dire des mots qui dépassent nos pensées, crier, casser des choses … Nos émotions sont intenses et nous avons l’habitude qu’elles nous submergent.
Mais si nous prenons conscience de ce que nous ressentons et si nous observons consciemment notre comportement, nous pouvons contrôler nos réactions, même si nos émotions sont très intenses.
On ne peut certainement pas s’empêcher d’être en colère ou d’avoir peur, mais on peut adapter la façon dont on se conduit.
Et la méditation dans tout ça ?
La méditation de pleine conscience est un outil d'intelligence émotionnelle pour les raisons suivantes :
- tout d'abord parce qu'une partie importante de la pratique repose, entre autres, sur le ressenti des sensations corporelles : il s'agit de se connecter à son corps, d'entrer en contact avec lui, de le réintégrer dans le champ de l'esprit, de la conscience. Et à force de s'entrainer , on commence à décrypter plus facilement nos sensations, à leur prêter une meilleure attention et à comprendre qu'elles sont les signes qui témoignent de nos émotions, de l'équilibre ou du déséquilibre de notre vie intérieure ;
- ensuite parce qu'en méditation, on fait l'expérience de toute sorte d'émotions, si minimes soient-elles : on rencontre de l'impatience, de l'ennui, de la frustration et on s'entraine à ne pas se laisser embarquer par elles, à les reconnaitre mais à ne pas les suivre. C'est ainsi que lorsqu'on rencontre l'ennui durant une méditation on ne se lève pas pour aller faire autre chose mais on reste à amener de la curiosité à comment l'ennui se manifeste dans notre tête, dans notre corps et à ne pas lui obéir mais à la laisser passer. Souvenez-vous qu'une émotion dure 90 secondes pour peu qu'on ne l'alimente pas et qu'on ne lui résiste pas (cf. plus haut) !
Plus on médite, plus on apprend alors à s’ouvrir à nos émotions, sans les repousser ni se laisser envahir … à mettre un peu d’espace autour d'elles pour y apporter une réponse adaptée et non plus une réaction incontrôlée (néfaste ou regrettée par la suite).
Nous nous re-connectons ainsi à nos ressources
et peut être ainsi, petit à petit, en nous changeant, contribuons à changer le monde !
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