La pleine conscience est une pratique de l’attention à notre expérience du moment présent, c’est à dire aux choses telles qu’elles se présentent (évènements, pensées et émotions) au moment où elles nous arrivent.
Mais cette pratique ne consiste pas seulement à apporter notre attention à notre expérience du moment présent, auquel cas elle ne serait qu'une pratique attentionnelle : les qualités avec lesquels nous portons notre attention à notre expérience ont tout autant d'importance.
Jon Kabat Zinn, le fondateur du programme MBSR par lequel la méditation de pleine conscience s’est diffusée dans le monde occidental, a listé ces qualités au nombre de sept (même si elles sont très intriquées les unes aux autres) :
- Le non-jugement
- La patience
- L'esprit du débutant
- La confiance
- Le non-effort
- L'acceptation
- Le lâcher-prise
Elles sont largement admises et reprises aujourd’hui par tous les enseignants et pratiquants de la méditation de pleine conscience.
C’est grâce à ces qualités avec lesquelles nous prêtons notre attention au moment présent que nous arrivons petit à petit à sortir de notre mode pilotage automatique qui peut nous bloquer dans certains schémas de fonctionnement et nous faire souffrir et que nous arrivons à redevenir, petit à petit, aut.eur.rice.s de nos vies.
Le non-jugement
Avez-vous remarqué comment notre mental émet en permanence de jugements et de pensées sur nos expériences, aussi bien extérieures qu’intérieures ? “Bien”, “pas bien”, “bon”, “mauvais”, “je n’en veux pas”, “j’en veux plus” …
Nous jugeons tout, nous évaluons tout, réagissant alors manière automatique, sans recul ni distanciation.
La pleine conscience nous apprend à être en contact direct avec nos expériences, avant tout étiquetage ou en prenant conscience de l’étiquetage que nous faisons, et en nous donnant alors la capacité de nous en détacher, de considérer le jugement comme tel et de revenir à l’expérience … tout simplement.
La patience
Cette qualité nous rappelle que chaque chose doit se déployer à son propre rythme.
Nous avons facilement tendance à vouloir être à un autre moment, à plus tard, lorsque tel ou tel événement aura eu lieu. Mais notre vie ne se déroule-t-elle pas maintenant ?
Chaque moment constitue notre vie, là, maintenant et vouloir se presser pour en atteindre d’autres ne les fait pas arriver plus vite, juste nous agiter !
Comme le dit un dicton populaire : on ne fait pas pousser l’herbe ou une plante plus vite en tirant dessus !
L'esprit du débutant
Très souvent nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont mais au travers des filtres de notre expérience, de nos conceptions, avec “l’esprit du sachant”. Nous sommes alors pris dans des schémas réactionnels qui nous enferment et qui nous limitent.
L’esprit du débutant permet au contraire d’amener de la curiosité, de la fraicheur à la façon dont nous percevons notre expérience, comme si c’était la première fois (ce qui est d’ailleurs le cas à chaque moment !), pour nous libérer de nos automatismes et nous permettre d’élargir nos possibilités d’actions.
Ce n’est pas de la naïveté, juste une attitude visant à rester disponible à l’expérience qui se déroule et à toutes les options que chaque moment peut nous offrir.
La confiance
Chacun.e d’entre nous sommes les seul.e.s à vivre notre vie, à percevoir ce que nous ressentons et nous pensons moment après moment. Nos expériences nous sont personnelles
En la matière, personne d’autre ne fait autorité, à part nous-même !
La pleine conscience, en nous entraînant à être attenti.f.ve à notre expérience, nous permet de mieux nous connaître, de comprendre ce qui se passe en nous clarté et recul, et nous permet ainsi de (re)gagner en confiance : confiance en soi, en ses ressentis, en ses intuitions …
Le non-effort
La pleine conscience n’a pas pour but la performance, une production quelconque. Il s’agit simplement d’être soi-même, de constater nos pensées, nos sensations et nos émotions au fur et à mesure qu’elles surgissent et non de les contrôler (du moins dans un premier temps … voir la qualité de l’acceptation ci-après). Il s’agit “simplement” de commencer par accepter ce qui est là, parce que c’est déjà là !
La pleine conscience implique d’être attenti.f.ve, d’observer. Juste d’être et non de “faire”. Le “faire” vient après, une fois que l’on y voir clair !
L'acceptation
L’acceptation est l’attitude qui permet d’accueillir notre expérience en toute lucidité plutôt que de vouloir ignorer ou repousser ce qui est là, puisque c’est là qu’on le veuille ou non.
Accepter n’est pas pour autant se soumettre ou se résigner. C’est voir les choses telles qu’elles sont de manière lucide pour pouvoir ensuite agir – plutôt que réagir – en fonction de la situation donnée et non selon des automatismes irréfléchis.
Le lâcher-prise
En mode “pilote automatique”, nous sommes pris.e.s dans des schémas réactionnels, accroché.e.s à des certitudes, agrippé.e.s à des idées préconçues, etc. Nous nous raccrochons à ce que nous connaissons (ou pensons connaître).
Le lâcher-prise consiste à lâcher ces idées, ces certitudes, ces attentes … toute cette activité mentale qui nous empêche de d’y voir clair pour pouvoir voir s’il est possible, nécessaire, utile, judicieux, de faire autrement.
Le lâcher prise nous permet également de relativiser et prioriser : il y a des choses que nous pouvons changer et d’autres pas.
En portant notre attitude à notre expérience de cette manière, de toutes ces manières, nous devenons capables de débrancher notre pilote automatique pour reprendre le contrôle de nos actions.
Les bouddhistes appellent cela l’”éveil” et cela me fait penser à ces moments où nous réveillons lors d’un rêve ou un cauchemar, l’esprit embrumé, et où nous sortons de ce brouillard mental. Nous revenons à nous et à notre vie réelle.
C’est exactement ce que l'entraînement à la pleine conscience nous permet : de sortir de nos brouillards mentaux et de prendre conscience de ce qui nous arrive, d’ouvrir un espace, de faire un pas de côté ou de prendre du recul (quelle que soit l’expression qui est la plus évocatrice pour vous) pour ensuite répondre de manière adéquate, en prenant en compte nos besoins du moment.
Et petit à petit, au fur et à mesure que nous nous “éveillons”, nous devenons moins stressé.e, plus bienveillant.e avec nous-même.
Nous devenons capables de plus de gratitude, de compassion, de générosité, de compréhension, et comme j’aime à le dire, nous pouvons alors, petit à petit, contribuer à changer le monde !
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