Si vous pensez que "la méditation, c'est difficile", voilà peut être pourquoi !
Une étude américaine a montré à quel point être avec soi-même, sans stimulation extérieure, peut être vécu difficilement par certaines personnes.
Ne rien faire peut constituer un véritable challenge à un point que vous n'imaginez pas ! Lisez ce qui suit, vous pourrez être surpris.e.
Vous comprendrez également comment la méditation peut changer notre rapport à nous même et à toute notre activité mentale !
L'étude du professeur Wilson : "soyez juste entrain de penser : les défis du vagabondage mental"
En 2014, une équipe de chercheurs à la faculté de psychologie de l’université de Virginie aux Etats Unis, dirigée par Timothy Wilson, a demandé à des sujets de rester assis sans rien faire pendant 6 à 15 minutes, seuls, dans un espace clos, sans téléphone, sans rien. L’objectif était d’évaluer comment était ressenti l’expérience de ne rien faire, d’être avoir soi-même, de laisser son esprit vagabonder, sans être stimulé.
L’équipe a commencé cette étude en pensant que l’expérience serait perçue comme agréable partant du postulat que l’esprit humain est une formidable machine permettant d ’accéder à des souvenirs agréables, de raconter des histoires et de construire des fantasmes…
Et bien malgré cela, beaucoup de sujets ont trouvé l'expérience difficile, et cela même lorsqu’on donnait à certains d’entre eux le temps de préparer ce à quoi ils allaient penser : un projet de vacances à ébaucher, une célébrité à laquelle rêver tout éveillé.
Certains sujets ont pu participer à cette étude de chez eux ; un tiers avoue alors avoir “triché” en vaquant très vite à une autre occupation comme écouter de la musique ou consulter leur téléphone.
Le plus étonnant dans cette étude, c’est que certains participants se trouvaient dans une pièce où il y avait juste un petit bouton. Ils savaient que s’ils le pressaient, ils recevraient un choc électrique (minime !).
Et bien, 67% des hommes et 25% des femmes ont fini par s’administrer au moins une décharge avant la fin du temps imparti (sans compter le participant qui s’est “électrocuté” volontairement 190 fois pendant ce laps de temps !).
Ces personnes ont donc préféré s’électrocuter toute seule, effectuer cette seule et unique action à leur portée, plutôt que d’attendre que le temps passe, alors même qu’en début d’expérience, elles s’étaient dites prêtes à payer 5$ pour éviter un choc électrique !
Les explications possibles
Pourquoi de telles résultats, de tels comportements ?
Et bien peut-être parce l’esprit peut avoir cette fâcheuse tendance à produire des pensées majoritairement négatives (le fameux “biais de négativité'') et à être en mode “répétition”, pour peu qu’on n’en soit pas conscient.e.
Dans ces conditions, on peut comprendre que rester avec des ruminations qui tournent en boucle ne soit pas vécu comme une expérience positive !
Quand en plus, on a pris l'habitude des les fuire en nous tournant vers les écrans, les jeux, en étant dans l'hyperactivité, on comprend qu'on a de plus en plus de mal à "rester avec nous mêmes" (comme pouvaient le faire nos ancêtres qui n'avaient pas forcément le choix de toutes nos distractions d'aujourd'hui).
Qu'apporte la méditation de pleine conscience ?
Et la méditation dans tout ça ?
Et bien lorsque l'on n’a pas conscience de la façon dont fonctionne notre cerveau/notre esprit, s’asseoir en méditation peut être vécu comme quelque chose de désagréable, comme le révèle l’expérience des participants à l’étude dont je viens de vous parler.
Mais si l’on persévère (et si on est accompagné.e par un.e professionnel.le qui vous explique et vous guide), alors la méditation devient véritablement intéressante : elle permet d'entraîner notre attention à ne pas se laisser embarquer par le mental et à prendre du recul par rapport à tout ce qu’il peut produire en termes de jugements, reproches, scénarios catastrophes et autres constructions mentales qui ne servent à rien.
En méditant, on apprend à reconnaître nos productions intellectuelles et à les laisser passer, parce qu’elles finissent toutes par passer pour peu qu’on ne les alimente pas !
On trouve alors dans ce recul ou ce lâcher prise, l’apaisement, le calme, le discernement … qui devait certainement faire défaut à ces personnes qui se sont administrées des chocs électriques !
Mieux encore, en s'entraînant régulièrement par la pratique de la méditation, on devient capable d’avoir ce recul et cette capacité de lâcher prise dans notre quotidien, dans les situations où nous estimons que le jeu n’en vaut pas la chandelle.
Ainsi que l'écrivait Edmé-Pierre Chauvot de Beauchêne "la présence d'esprit est un pilote qui nous garantit du naufrage. Il ne quitte pas le gouvernail, et ne s'abandonne jamais à la merci des flots au milieu des tempêtes de la vie".
Écrire commentaire
Michel Hess (mercredi, 12 juin 2024 23:24)
Merci pour cette article très instructif. Il montre à quel point l'inactivité, être dans une situation sans objectif, sans gain peut être inhabituelle et pénible pour certaines personnes. Je me demande si on pourrait parler dans ce type de cas d’addiction à des activités externes ?
J'ai aussi remarqué d’autres raisons pour lesquelles des méditants qualifient la pratique de difficile car ils :
- se fixent des objectifs inutiles :
o être assis en tailleur malgré la douleur,
o contrôler le souffle,
o diminuer le rythme cardiaque
o atteindre un état de conscience modifié
o ressentir la paix intérieure, la grande équanimité …
- se fixent des objectifs inatteignables :
o penser à rien
o penser uniquement au support de méditation ;
o atteindre un état de conscience modifié
- attendent de la méditation un bien-être immédiat comme en relaxation ! Alors pourquoi persévérer si je ne perçois pas de bénéfice à chaque séance.
- Oublient qu’il s’agit juste d’un entrainement
- Cherchent à respecter parfaitement des consignes au lieu de s’entraîner à maintenir des intentions (diriger son attention avec bienveillance)
- Sont déstabilisés car :
o ils constatent que leur mental produit beaucoup plus de pensées qu’ils
le croyaient …
o ils prennent conscience qu’ils « contrôlent » nettement moins bien leur
mental qu’ils l’imaginaient !