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Mon expérience des retraites de méditation en silence (2)

 

Me voilà de retour d’une retraite de méditation en silence, régénérée, ressourcée …

 

Lors d’un précédent post, j’avais partagé mon expérience du « silence » durant ce type de séjours.

Aujourd’hui, je voudrais vous faire part d’autres aspects de mon expérience de ces retraites, aspects dont je prends conscience grâce à ce silence et dont je peux m’amuser … Après tout, puisque ces retraites sont un moyen de se voir fonctionner, de plonger en soi, autant ne pas trop se prendre trop au sérieux !

En chemin au lieu de retraite

Plus je fais des retraites, plus je m’aperçois que je passe par un certain « sas de décompression » avant d’arriver sur le lieu de la retraite.

Lorsque j’y vais en voiture, je remarque que j’éteins l’autoradio à la sortie de l’autoroute ou de la nationale pour faire le chemin restant dans un début de silence. Cela me permet de commencer à entrer dans un certain calme mais également à apprécier les petites routes que je dois prendre au milieu de la campagne, des vallons … à commencer à me réjouir de voir des vaches, des arbres et des forêts … à sentir un début de re-connexion à la nature (même à l’intérieur de la voiture !).

 

Et puis ça me permet de rester vigilante à ma conduite, certains lieux de retraite dans lesquels je vais pouvant être « au milieu de nulle part ».

L'arrivée et l'installation sur le lieu de retraite

Je m’arrange toujours pour arriver quelques heures avant le début de la retraite, non seulement pour déballer mes affaires mais également pour découvrir le lieu et continuer mon entrée progressive dans l’état d’esprit de la retraite.

 

Une fois installée, je vais me balader, découvrir le village à côté ou me promener à travers champs ou bois … à pied. Là aussi je ralentis le rythme et remets mon corps doucement en mouvement après des kilomètres parcourus en voiture.

 

Arriver un peu en avance, et non au dernier moment, me permet également d’effectuer un acte stratégique : choisir ma place dans la salle de méditation … Tout un art, tout un process mental !

Non pas qu’une fois installé, on ne peut plus bouger (quoique dans la dernière retraite, nous étions incités à rester au même endroit, dans le cadre des mesures sanitaires), mais en règle générale on s’installe et on reste là où on s’est installé, par commodité, comme on le fait dans une salle de réunion ou autour de la table familiale.

 

Alors, puisque je vais passer plusieurs jours dans la salle de méditation à pratiquer, la place, pour moi, a de l’importance : pas question de se mettre devant ou au milieu de la salle de méditation. L’idée d’avoir des tas de gens derrière moi ne me tente absolument pas ! Mon endroit préféré c’est au fond, près d’une porte : j’ai ainsi une vue sur le groupe, sans y être immergée et sans me sentir coincée. Être près d’une porte me donne aussi se sentiment de ne pas être enfermée, de bénéficier de l’air extérieur (je me demande si je ne serais pas un peu claustrophobe 🤔).

 

Mais surtout, la proximité d’une porte me donne un avantage stratégique indéniable, de mon point de vue (!) : pouvoir rapidement sortir et être dans les premières pour les repas !!

 

Ah, les repas … Moments culminant de ces journées en silence ! 🥳

Il faut bien comprendre que quand on alterne assises et marches méditatives une bonne partie de la journée, les moments de repas sont synonymes de rupture de ce rythme, de cette monotonie … et  donc me mettent en joie (oui, je sais … Mais dans une retraite, toutes les expériences sont magnifiées, amplifiées !!).

Et puis quand j’ai faim, j’ai faim … et je n’ai pas envie de faire la queue pour manger ! Alors devoir attendre que tout le monde se remette en mouvement vers la sortie de la salle de méditation à l’heure du déjeuner ou du dîner, prenne son temps pour remettre ses chaussures, ses manteaux et autres effets personnels … 🙄 Pas question !

 

Je peux donc dire maintenant qu’au fur et à mesure des retraites j’ai vraiment pris conscience de tout ce qui se jouait dans mon esprit pour ce « simple » choix de place dans la salle de méditation !!

Le rythme

Le rythme d’une retraite (en tout cas celles que j’effectue) est soutenu d’une certaine manière, même si l’activité est ralentie.

On commence souvent entre 6h30 et 7h00 et on finit vers 21h30 ou 22h00.

On alterne les périodes de méditations et de marches méditatives les matins et les après-midis. Souvent, le déjeuner est suivi d’une période « libre » ; on peut alors faire la sieste ou aller se balader (ce que je fais souvent car, comme certains le savent, j’aime marcher. De plus, sortir du lieu de retraite pour explorer les alentours me donne un sentiment de liberté que j’aime avoir, me permet de me reconnecter à la nature mais également d’avoir une dépense physique qui peut me manquer durant ces longues journées).

 

Dans la dernière retraite que j’ai effectuée, des sessions de mouvements en pleine conscience (méditations en mouvement) étaient aussi prévues : une courte le matin, une plus longue l’après-midi, ce qui pour moi était très soutenant pour satisfaire mon besoin d’activité physique et éviter les diverses maux liés aux assises prolongées.

 

Il peut être aussi prévu des périodes de karmayoga, dont je parle ci-dessous.

 

Le soir, après le dîner, c’est en général une période « d’enseignement » : l’instructeur de méditation qui « dirige » la retraite, délivre des enseignements pratiques, thématiques, philosophiques (sur la méditation et la pleine conscience, bien entendu !) et c’est l’occasion pour les retraitants pour poser leur question sur un sujet traité ou un autre.

Être dans sa bulle

Ce que j’aime dans ces retraites, c’est la possibilité que cela m’offre d’être dans ma bulle.

Certes, l’activité mentale dont je prends conscience quand je suis en silence (voir mon post sur le sujet) peut être au départ déstabilisante mais il y un autre aspect que j’aime dans le fait d’être dans cette bulle de silence : ne pas se soucier du regard des autres !

En effet, en me coupant de toute sorte de communication, y compris par le regard, je me coupe de ce souci que je peux avoir du jugement des autres.

Tant pis pour le look que j’ai - tenue ample, pas coiffée, pas « apprêtée » - et tant pis si tout le monde se dit que je suis systématiquement la première pour les repas (je l'ai déjà dit : j’ai faim ! 🤷🏻‍♀️), cela n’a plus d’importance !

 

Quel soulagement de ne plus se soucier de ce que les autres peuvent penser … Je le vis comme un véritable allègement de l’esprit, même s’il y a bien une ou deux pensées qui peuvent, par-ci par-là, venir me traverser l’esprit du style « qu’est-ce que les autres vont penser de moi » … Je les laisse passer, je m’y attache pas et reprends une forme de liberté.

Le karmayoga (service désintéressé)

Durant certaines retraites, les participants se voient assigner des tâches d’entretien des lieux ou de préparation des repas pendant un période de la journée.

C’est un moyen de participer à la vie de la communauté de manière désintéressée (et encore … collectivement nous y avons tous un intérêt !) mais également une manière d’être en pleine conscience lors de ces activités du quotidien.

 

Lors de ma dernière retraite, j’ai été assignée au désherbage des allées et des parterres fleuris. Et effectivement, cette activité en silence m’a permis de prendre conscience de toutes mes pensées et de faire tout un tas de réflexion dont je n’aurais certainement pas eu une connaissance aussi fine dans mon quotidien si remplie de différentes choses à faire. 

 

Je vous livre quelques-unes des pensées et réflexions que j’ai eu durant ces périodes de désherbage … en vrac, sans filtre 🤯 :

  • j’aurais préférée être assignée au balayage et ratissage des allées, pour pas avoir mal au dos
  • je vais arracher toutes ces mauvaises herbes vite fait pour avoir un résultat visible rapidement … comme ça, on sera content de moi
  • non, finalement il vaut mieux que je fasse un travail en profondeur et que je prenne bien soin de creuser et d’enlever ces 🤬 de racines pour que ça repousse pas, même si ça donne l’impression que le travail n’avance pas vite
  • mais qu’est ce que ça s’enfonce profond les racines des mauvaises herbes
  • enlever les mauvaises herbes, c’est comme faire un travail thérapeutique où l’on nettoie ce qui pollue l’esprit
  • ah oui, mais au bout d’un moment ça repousse et il faut y retourner (au désherbage, à la thérapie !)
  • j’ai pas envie de désherber la lavande, y a plein de bêtes
  • ces bêtes partagent le même environnement que toi, si tu ne les déranges pas, vous cohabiterez
  • c’est chouette de désherber la lavande, ça sent super bon
  • les mauvaises herbes, ça finit toujours par repousser … désherber, c’est vraiment un job ingrat
  • c’est comme la méditation : les pensées finissent toujours par revenir
  • franchement … un p’tit coup de Round Up et on n’en parlerait plus 😂
  • [au bout de plusieurs jours de désherbage] les allées sont nickels, je suis fière de moi (« c’est moi qui l’ai fait ») …

La fin de la retraite

Et puis c’est le dernier jour.

 

Depuis la vieille, je vois que mes pensées commencent à anticiper la fin : l’organisation des valises à faire, des chambres à libérer, le calcul de l’heure du départ pour ne pas être dans les embouteillages parisiens …

 

La dernière matinée, je la passe à bien regarder autour de moi, à m’emplir les poumons des odeurs de la nature lorsque l’on est dehors, comme pour m’emplir, dans tous les sens du terme, de sensations à ramener à la maison.

 

Chacun devant reprendre la route, d’une manière ou d’une autre, a remis des vêtements plus civils (des pantalons, des robes), des montres, quelques bijoux … On sort tous de notre look de retraitants et je suis frappée par l’allure différente que nous avons.

 

C’est également la fin du silence. On se retrouve à table à pouvoir parler mais, au départ, on hésite encore, on échange des banalités ... et puis rapidement on échange sur nos expériences, on peut même se dire des choses très intimes alors qu’on ne se connait pas ; mais on sait qu’on peut le faire car on s’est débarrassé de nos carapaces durant ce séjour, de nos couches protectrices que l’on porte bien souvent pour paraitre en société. Du coup, des connexions très fortes se font.

Je suis toujours étonnée de l'intensité de nos échanges, de la liberté avec laquelle on parle et de la profondeur et bienveillance de nos écoutes.

Et on se sent comme happée par cette envie de se découvrir tellement les connexions sont faciles mais il faut déjà partir : les taxis attendent certains, le centre s’apprête à fermer pour remettre tout en ordre pour la prochaine retraite.

On reste dans l’enthousiasme de ces échanges et la joie de ces quelques connexions, on se dit que ce serait chouette de se revoir l’année prochaine (comme en colo !) … on échange parfois des coordonnées et on se sépare.

Le retour

Lorsque je reprends la voiture, je sais que je ne suis pas dans le même état qu’en arrivant : je repars enrichie de ce que j’ai pu découvrir, des enseignements qui m’ont marquée, de ce sentiment de liberté que j’ai pu cultiver …

Je ne mets pas la radio ou la musique. Je conduis en silence, m’émerveillant des endroits que je traverse, avec ce sentiment de m’être allégée de certaines carapaces, peut être des fois d’être un peu trop « à nue » !

 

Au fur et à mesure que je me rapproche d’une grande ville ou de l’autoroute, je reprends contact avec la « civilisation », l’urbanisation : les zones commerciales, les bouchons … Mon moral en prend en général un coup !

 

Une fois sur l’autoroute, je mets la musique : au départ, je fais des tas de connexion entre les paroles des chansons qui passent et l’expérience de la retraite et de la pleine conscience et ça me mets un pincement au cœur. Alors je peux décider de chanter, pour me remettre en joie, pour ne pas me laisser aller à une certaine mélancolie.

 

Les kilomètres défilent. L’arrêt sur une aire d’autoroute pour une pause technique est une autre étape du retour et, en général, un autre coup au moral !!

 

Puis c’est finalement l’arrivée chez moi. Je déballe mes affaires, je parle de mon expérience aux membres de ma famille, je me sens encore très sensible.

 

Il me faudra plusieurs jours pour me remettre « dans ma vie habituelle » ...